Traversée du Mont-Rose / 14-17 juillet 2014

"Une voie céleste cheminant sur une ligne plus aérienne que terrestre", voilà ce que promettait un célèbre tour opérateur... Cette traversée, que nous réaliserons à partir du refuge Quintino Sella pour une question de créneau météo aura tenue toutes ces promesses! Après mon premier 4000, qui se sera mérité, ce ne sont pas moins de 7 autres sommets (officiels ou non) dépassant la barre des 4000 mètres que nous réaliserons en 4 jours. La nuit à la cabane Margherita, incroyable par son altitude, restera gravée pour longtemps!

1er jour: de Staffal au refuge "Quintino Sella"

Pour ce premier jour, qui consiste à rejoindre le refuge Quintino Sella nous avions prévu de prendre la première benne de l'après-midi (14h15) afin de ne pas partir trop tôt, le trajet depuis Lyon étant assez long. Mais un contretemps - impossible de trouver à manger ailleurs que dans des restaurants à partir de Gressoney - fait que nous ne partons finalement de Staffal qu'aux alentours de 15h00. Les remontées sont incroyablement désertes, nous aurons la benne pour Colle Betta pour nous tout seul! Nous arrivons en haut à 16h30, la météo est bien celle annoncée, nous alternons entre épais brouillard et éclaircies, mais l'itinéraire est plus qu'évident, très bien indiqué par des ronds jaunes très voyants presque tout les 3 mètres (impossible de se perdre!). Nous rencontrons ensuite rapidement la neige, qui ne nécessitera pas de cramponner tout au long de la montée. La dernière partie, soit une bonne demi-heure, est constituée d'une crête agréable tout équipée. Nous arrivons à 18h45 au refuge (CAI), accueillant et confortable. 

2e jour: du refuge "Quintino Sella" a celui de "Citta di Mantova"

Après une nuit moyenne, nous sommes la première cordée à partir du refuge aux alentours de 5h30, il ne fait pas froid et les premières lueurs du jour annoncent un lever de soleil magnifique. Arrivés au pied du Naso, l'itinéraire n'est pas forcément évidemment, nous attendons les cordées qui nous suivent. Un guide nous indique que nous pouvons traverser, mais les conditions ne sont pas forcément idéales et je ne me sens pas à l'aise. Nous décidons donc rapidement de monter droit dans la pente, ce qui est plus fatiguant mais plus rassurant. Nous rejoignons ainsi l'arête en rocher par laquelle le guide était monté. A partir d'ici, tout va se corser, la glace fait son apparition, et alors que la montée en pointe avant dans la neige ne posait pas de soucis, dans la glace c'est autre chose... Domaine de prédilection d'Alexis (heureusement), je n'avais jamais été confronté à une pente en glace comme celle-ci (un bon nombre de longueurs sur broches) et était très content d'avoir le matos tout neuf bien aiguisé! Les dernières pentes moins raides étaient en neige, et débouchent sur une arête sympathique qui rejoint le sommet. La vue est magnifique sur le plateau, avec tout les sommets que nous gravirons le lendemain. Les pentes de descente, exposées au soleil dès les premières heures sont déjà transformées, mais la descente se fera sans aucun problèmes jusqu'au refuge Citta Di Mantova, que nous rejoindrons vers les 12h30 après une pause au refuge Gnifetti situé juste au dessus. 

A savoir, vu que nous avons été confrontés à ce soucis, il n'y a pas de réseau à Quintino Sella et à Gnifetti, et un peu dans un coin de la terrasse de Citta di Mantova ;)

3e jour: du refuge "Citta di Mantova" au refuge "Margherita" 

Après une nuit en demi-pension bien réparatrice, nous repartons vers 5h30 pour cette journée dans l'optique de faire uniquement quelques sommets, et faire les autres le lendemain dans la descente. Le temps est encore idéal, il ne fait pas froid et les couleurs sont encore aux rendez-vous. Nous suivons "l'autoroute" en direction de la Pyramide Vincent, premier sommet de la journée situé à 4215m. Nous avons été étonnés de nous retrouver presque seuls à partir du moment où nous avons quitté la trace qui monte à Margherita. Après une montée assez brève (environ une demi-heure du col), nous arrivons au sommet d'où la vue est magnifique. Nous redescendons ensuite en direction du Balmenhorn (4167m), où le passage rocheux est équipé et sans difficultés. Après une pause sur le balcon du Bivouac Giordano situé sur le sommet, nous prenons la direction du Corno Nero (4322), qui permet de varier les plaisirs avec une courte pente assez raide mais sans difficultés et une descente en rappel. Nous continuons dans la lancée avec le Ludwighöhe (4341m), une arête en neige en aller-retour qui permet d'avoir une vue centrale sur tout ce que nous venons de faire... et ce qu'il nous reste à faire pour rejoindre le refuge! Après une courte descente, nous réalisons la traversée de la superbe arête de la Parrotspitze (4432m), où nous avons vraiment l'impression d'être dans les nuages ce jour là! Nous faisons une bonne pause en redescendant de celle-ci, le soleil cogne, la neige a transformé et la montée qu'il nous reste nous avait été décrite comme interminable... ce qui se confirmera! Nous arriverons au refuge, pour ma part complètement crevé, aux alentours des 15h00, avec finalement tout les sommets de la traversée en poche! A ce moment là je me trouvais face à ce bâtiment, le plus haut d'Europe, qui était encore pour moi incroyable un an auparavant, et avait constitué au fil du temps un vrai rêve de vivre l'expérience d'une nuit là haut. Au moment où nous arrivons, le brouillard bouche toute la vue, le reste de l'après-midi sera consacré au repos et à la visite des laboratoires scientifiques qui occupent certaines pièces du refuge. Le soir, aux alentours des 21h le brouillard laissera place à un coucher de soleil inoubliable à 4500m...

4e jour: du refuge Margherita à Staffal

Après une nuit étonnamment bonne (la meilleur des trois alors qu'on nous annonçait une nuit horrible du fait de l'altitude), les premières couleurs s'annoncent à l'horizon. Nous démarrons comme c'est désormais l'habitude peu après 5h30 et sommes au col 5 minutes plus tard. Nous pouvons profiter du lever de soleil tout le long, et alors que jusqu'à maintenant nous ne pouvions voir qu'une lueur au loin, nous sommes d'un coup complètement baignés de couleurs rouges/oranges, juste le plus beau lever de soleil dont on puisse rêver! Nous arrivons 25 minutes plus tard au sommet de la Zumsteinspitze (4563m), point culminant de notre traversée d'où nous avons une vue à 360° incroyable et pour nous tout seul! Devant nous, nous pouvons voir tout le Mont-Rose, le Valais, l'Italie jusqu'aux plaines ainsi que d'après une personne rencontrées, les sommets Autrichiens! Après en avoir pris pleins les yeux, nous prenons le chemin de la descente qui sera bien plus rapide que prévue, environ 1h45 pour rejoindre le refuge Citta di Mantova, où nous nous arrêtons longuement uniquement pour profiter une dernière fois avant de rejoindre la vallée, difficile de redescendre après 4 jours comme ça! La descente jusqu'à Indren est vite avalée, les remontées mécaniques nous mènerons ensuite jusqu'à notre point de départ. 

A savoir: pour la descente, le billet s'achète directement auprès du conducteur! 
Cette course ne me sortait pas de la tête depuis que j'étais tombé dessus, cette première course ensemble a été tout simplement un rêve, grâce à l'adaptation à l'unique créneau météo qui s'est offert à nous (4 jours de beau temps, nous sommes fin juillet au moment où j'écrit ce texte, ça ne s'est pas reproduit...). Le Mont-Rose est vraiment un massif magnifique, et qui reste encore authentique. Ici règne encore l'esprit montagne, à travers l'accueil dans les refuges, la sympathie des nombreuses personnes rencontrées de toutes nationalités, ainsi que le partage et la bienveillance à notre égard de la plupart des guides. Je peux vous assurer que même en en ayant bavé, vous serez nostalgiques à peine la vallée retrouvée! Mais il reste de nombreuses courses à réaliser dans ce massif...